dimanche 4 mars 2007

Pour ne pas finir

Dire que j'ai envie de refendre la foule pendant les heures qui nous séparent de la fermeture de la Foire du Livre 2007 serait très excessif. Et je suis plutôt content d'avoir passé une petite heure assis, à interroger Bessora et Scholastique Mukasonga, deux auteurs de la collection "Continents noirs" chez Gallimard. Un roman de la première, "Cueillez-moi jolis messieurs...", un document de la seconde, "Inyenzi ou les cafards". Deux livres forts, chacun à sa manière, et deux femmes qui avaient, en tout cas, des choses à dire.
C'est donc à peu près ainsi que je quitte Tours & Taxis sur la pointe des pieds. heureux d'avoir été là tous les jours. Rencontres et découvertes n'ont pas manqué, et le mot est faible. Ce blog ne rend compte que d'une minuscule partie de ce qui s'est passé et du plaisir que j'ai pris.
De toute manière, quand la Foire du Livre se termine, elle continue: il reste à lire les livres emportés. Ils ne me dureront pas jusqu'à l'an prochain. Mais ils resteront la trace matérielle d'un passage.
Au revoir.

samedi 3 mars 2007

Auteurs, auteurs

Régis Jauffret avait écrit "Univers, univers". L'univers de la Foire est celui des livres et des auteurs. Dont Régis Jauffret, venu parler de "Microfictions", roman en cinq cents parties, c'est-à-dire un roman pas tout à fait comme les autres. Mais Régis Jauffret n'aime pas qu'on fige le genre romanesque. On peut tout faire dans un roman, dit-il. Et chaque lecture continue un nouveau livre, ajoute-t-il.
Cela en fait, des livres, s'il faut multiplier le nombre d'auteurs présents à la Foire, ne serait-ce qu'aujourd'hui, par le nombre de leurs ouvrages publiés, puis par le nombre de lecteurs. Mais les écrivains ne parlent pas que de littérature.
C'est Guy Goffette qui raconte son dernier déménagement.
C'est Bessora qui évoque sa mère installée en Afrique et qui n'aime plus l'Europe.
C'est Jean-Pierre Verheggen qui irait bien y faire un tour, en Afrique.
C'est Jacques Sojcher qui défend son fils Frédéric.
C'est Adamek qui parle de sa santé.
C'est Francis Dannemark fâché contre un vigile de l'entrée.
C'est Yves Simon qui se prépare à reprendre le train pour paris avec Sylviane Agacinski.
Et ça continue demain.

Des chiffres et des lettres

Les chiffres, je ne les donnerai pas. Pas tous. C'est impossible. Quand j'ai vu le nombre de personnes qui attendaient l'arrivée d'Amélie Nothomb, certaines assises près d'une heure avant le début de la séance de dédicace, j'ai pourtant commencé à essayer une vague évaluation. Et puis, j'ai renoncé. D'autant que c'était il y a plus de trois heures et que je suis repassé il y a dix minutes devant le stand d'Albin Michel: c'était loin d'être fini. Sous un chapeau noir d'environ soixante centimètres de diamètre, Amélie signait à tour de bras. Avec le sourire. Chapeau, Amélie!
(Si vous avez lu trop vite, revenez en arrière: j'ai quand même réussi à donner quelques chiffres.)
Et puis, encore un chiffre: 50. Non, deux: 11.
50, c'est l'âge du Daily Bul, une maison d'édition qui "fait" beaucoup plus jeune. On a toujours l'impression d'être face aux mêmes garnements qu'il y a... longtemps.
11, c'est le numéro du tome de "Lexikon" qui vient de sortir dans cette bonne maison louviéroise - qui a la chance d'avoir une adresse facile à retenir puisque la rue a été rebaptisée de son nom. Pour tenir la promesse du titre de ce "post", je précise que "Lexikon" est une sorte - une sorte, une sorte, oui, d'accord, mais comment le dire autremenent? - de dictionnaire dont chaque fascicule illustre un mot. Cette fois, André Balthazar et Roland Breucker explorent "Le rien". Après le soulier ou le point, avant le suçon ou les vergetures. On voit que l'entreprise ne recule pas devant l'exhaustivité. Ce n'est pas rien. Bien que: "Appartenant au domaine du peu, le rien n'est pas grand-chose."
Après cette pensée profonde, je propose de souffler un peu. Je vais m'asseoir devant des gens qui débattent, il en sortira peut-être trois fois rien.

Harry Dickson, le retour

Les quatre premiers titres sont déjà sur le stand des éditions Le Cri, mais ce ne sont pas encore les vrais livres, qui seront disponnibles seulement début avril. En avant-première donc, et sous forme d'épreuves quand même déjà très achevées, "Cric-Croc, le mort en habit", "Le lit du diable", "L'affaire Bardouillet" et "La maison du grand péril", 96 pages chacun et que du plaisir. Jean Ray n'a probablement pas mis le meilleur de lui-même dans les aventures de Harry Dickson, mais ce sont des romans policiers qui font un formidable feuilleton. Marabout les avait réédités en plusieurs livres de poche épais. Les voici, un par un, du moins les meilleurs - d'après l'éditeur. Il y en aura vingt jusqu'en décembre.
Et gageons que, si ça marche, ça continuera. Avec les couvertures qui fleurent bon l'époque des premières éditions, Le Cri se donne toutes les chances d'être obligé de poursuivre en 2008.
C'est tout ce que je leur souhaite.

vendredi 2 mars 2007

Hommage aux imbéciles

Georges Simenon et Maurice Carême, même combat? Deux grands imbéciles, disait Jacques De Decker à la fin de la rencontre qui réunissait Anne Richter et Jeannine Burny sur les deux écrivains. Il n'a pas été contredit? Parce qu'il y a des imbéciles heureux. Parce qu'il y a des imbéciles géniaux. Et que ces deux-là avaient pour eux de ne pas passer par l'abstraction pour dire le monde. Leur monde, celui qu'ils inventaient.
A priori, on ne voyait pas très bien ce qui les rapproche. Après coup, cela saute aux yeux: "J'intuite", dirait Eric-Emmanuel Schmidt - selon un mot que rapportait Anne Richter. C'est-à-dire (traduction libre): c'est l'intuition qui me travaille, le raisonnement ne tient pas devant ce qui vient par l'écriture elle-même, et à peu près tout ce qu'on veut. Le romancier et le poète ont chacun leur place dans la littérature, leurs lecteurs ne sont pas les mêmes. Mais on peut leur trouver des points communs malgré tout. La preuve.
Pendant que j'écris ceci, je suis un peu distrait par le débat d'à côté. Babel accueille Leena Lander, et je l'entends du secrétariat. Un formidable écrivain que je n'aurais pas lu si elle n'était pas venue à la Foire du Livre. "Obéir" est un livre qui secoue (paru chez Actes Sud). Et Leena Lander est présente à peu près jusqu'à la fin de la Foire. Encore une découverte à faire. Il y a un formidable imbécile dans son roman. Et on aura compris, j'espère, que le mot n'avait rien de péjoratif ici.

Les petits et les gros

On a tous de sales habitudes. Si vous avez vu les supplémentrs littéraires de la presse française cette semaine, il n'y en a (à peu près) que pour des auteurs publiés chez des éditeurs qui ont un large pignon sur rue. Je viens d'ailleurs de croiser Nedim Gürsel qui est arrivé à la Foire aujourd'hui et y sera jusqu'à demain. Sa maison d'édition? Le Seuil, qu'on peut ranger dans la catégorie des "gros". Ils publient beaucoup, ils publient de très bons livres, et il serait idiot de les ignorer.
Ceci dit, il n'y a pas qu'eux. Et la Foire du Livre est une formidable occasion de découvrir les "petits" - qui peut-être un jour deviendront gros, on le leur souhaite en tout cas quand ils sont bons.
J'étais impressionné, en ce début d'après-midi, par Luc Verton, qui dirige avec un enthousiasme communicatif les Editions Mémogrames, spécialisées comme le nom le laisse entendre dans les textes de mémoire. La suite logique d'un travail commencé avec la rédaction de souvenirs destinés à la famille, quand quelqu'un veut laisser le récit de sa vie aux proches. Cela mérite rarement une édition traditionnelle, cela vaut souvent en revanche l'énergie (et l'argent) qu'on investit dans ce type d'ouvrage.
Avec 17 livres au catalogue, publiés à compte d'éditeur - il est important de le souligner -, Mémogrames commence à trouver sa place dans le monde de l'édition belge. Et pourrait même déborder des frontières: le dernier ouvrage paru est un entretien inédit avec Primo Levi, conduit par Catherine Petitjean et proposé en trois langues, italien, anglais et français. Un beau document, présenté avec goût, qui donne envie de mieux connaître Mémogrames.

jeudi 1 mars 2007

Ovations

En général, les milieux du livre sont plutôt calmes. Lire est une activité solitaire et pratiquée plutôt dans le silence. C'est parfois différent à la Foire du Livre. Il y avait, cet après-midi, beaucoup de monde du côt&é de chez Plon. Une véritable queue, comme on croit que seuls Marc Lévy, Amélie Nothomb ou Eric-Emmanuel Schmidt sont capables d'en provoquer. Les gens attendaient patiemment. Mais qui?
Quelques minutes plus tard, déchaînement d'applaudissements: Pierre Mondy arrivait. Jolie ovation pour un homme toujours populaire, le cheveu ébouriffé, prêt à affronter des dizaines de personnes venues faire signer son livre. Et avec plaisir, d'après ce qu'on m'a dit ensuite.
Le bruit, donc. Après les applaudissements, le vrai brouhaha joyeux des enfants lors de la bataille du livre au théâtre de la Foire, lieu de toutes les rencontres inédites. Celle-là, en tout cas, méritait d'être vécue: des classes entières, des gamines et des gamins enthousiastes, lançant des réponses aux questions, s'auto-congratulant en cas de bonne réponse. Un jeu, certes, mais basé sur la lecture.
Et je dois déjà vous laisser, parce que je rédige ce "post" sur l'ordinateur du point info à l'entrée de la Foire, où le public ne cesse de défiler et où Emeline aiguille avec le sourire chacun vers sa destination.
Je lui restitue donc son appareil.

Et si nous parlions de la rentrée?

D'aqccord, c'est encore loin, la rentrée littéraire. Ce sera au mois d'août. Mais on en parle déjà jusqu'à Bruxelles, dans les couloirs de la Foire du Livre. Lieu où, si les choses ne se décident pas, elles sont au moins très présentes.
Ainsi, j'ai croisé hier Kenan Görgün, né à Gand de parents turcs en 1977. Ce jeune homme a publié son premier roman chez Luce Wilquin l'an dernier: "L'ogre, c'est mon enfant". Le prochain sortira chez Fayard à la rentrée. Et ce sera un gros livre, genre 700 pages. Je n'en sais rien d'autre pour l'instant, bien entendu. Mais tout cela est très excitant.
Comme d'apprendre, par Jean-Paul Hirsch, le bras droit de Paul Otchakovsky-Laurens chez POL, une petite partie du programme de la rentrée. Depuis qu'il a quitté Madagascar, où il était directeur d'une Alliance française, en septembre dernier, Nicolas Fargues travaille à son prochain livre, prévu pour la rentrée. Le sixième, si je ne me trompe pas. Le précédent, "Tu étais derrière moi", a été un joli succès. On attend donc la suite avec impatience.
Mais patience. Quelques mois encore.
Quant à moi, je vous retrouve tout à l'heure.

mercredi 28 février 2007

Un monde à l'endroit, un monde à l'envers

Pierre Hazette était interrogé par Nicole Debarre à propos de son roman "Les taxis de Dakar" (Le Grand Miroir). Un livre que je n'ai pas lu mais qui est à l'évidence imprégné de sa connaissance d'un pays où il est en poste depuis trois ans. C'est donc en connaissance de cause qu'il évoque les questions de richesse et de pauvreté en Afrique. Qu'il parle du Club Méditerranée dont les bénéfices se font dans le pays d'accueil mais sont évidemment rapatriés au siège parisien. Il croit que la question est tout sauf anecdotique. Et qu'il faudra bien un jour que les pays africains aient ou prennent le droit de recevoir les retombées. Eux-mêmes. Et qu'elles bénéficient vraiment à la population, ce qui n'est presque jamais le cas dans les pays producteurs de pétrole.
Il a raison, évidemment.
Le monde est à l'envers, le remettrons-nous à l'endroit?
Et si devoir sortit pour fumer une cigarette était l'occasion de faire des rencontres? J'ai reçu ainsi un papier portant un slogan étonnant: "Prenez une longueur d'avance! Soyez candidat à l'Extinction Volontaire de l'Espèce Humaine!" Voilà qui interpelle. Du coup, j'ai demandé s'il y en avait d'autres. La réponse était oui. Et ça secoue tout autant. J'ai éteint ma clope et je suis donc allé au stand 143 de la Lorraine. Où l'on trouve le "Manifeste anti-nataliste" de Théophile de Giraud. Et quelques livres assez décoiffants, à découvrir sans oeillères.
A côté, c'est l'Alsace. J'irai peut-être voir demain. Mais je ne sais plus à quoi m'attendre, Un monde à l'endroit, un monde à l'envers, et recommencez, est-ce que ça finit par faire un tricot?

Géographie de la Foire et d'ailleurs

Après quatre ou cinq tours complets de la Foire du Livre, les pieds deviennent lourds mais les choses se précisent. Je commence à ne plus trop chercher les emplacements des différents éditeurs. Et je serai bientôt capable de faire le guide pour les visiteurs qui deviennent de plus en plus nombreux. Cet après-midi, puisqu'on est mercredi, les enseignants devraient être en nombre. J'en ai vu qui demandaient à l'entrée un paquet cadeau qui leur serait destiné, ils ne savaient pas où. Mais qu'on ne me le demande pas: je ne le sais pas non plus.
Tout le monde ne s'amuse pas de la même manière, ceci dit. Tout à l'heure, une classe a surgi à l'extérieur, et tous ces jeunes gens soufflaient, excédés par la visite. Je les imagine très bien avoir accueilli la proposition avec plaisir, parce que c'est quand même mieux que la classe, et puis réfréner leur enthousiasme parce qu'après tout, c'était une obligation.
Mais il y a des gens heureux. Jean-Louis Massot m'a emmené sur son stand des Carnets du dessert de lune, fier d'un catalogue maintenant bien étoffé. Fier aussi, malgré son travail d'éditeur et de diffuseur, d'avoir réussi à boucler l'écriture d'un recueil de poèmes à temps pour qu'il soit présent ici.
Et Luce Wilquin me dit, sur son stand à elle: "Les choses vont de mieux en mieux, on sent un décollage. D'ailleurs, nous allons engager une attachée de presse pour la France."
La géographie de la Foire m'entre donc par les pieds et les rencontres.
La géographie du monde s'écrit par l'intermédiaire d'auteurs comme Yves Lacoste, qui était à midi (et quelques minutes) interrogé par Huues Le Paige dans l'espace Babel: "Hérodote était l'agent secret de Périclès", affirmait-il, ajoutant qu'Alexandre le Grand s'était aussi beaucoup servi des observations d'Hérodote.
Moralité: méfiez-vous des géographes, surtout quand ils se mêlent de géopolitique.

C'est parti !

Tchin tchin, patati patata, grignoti grignota, ambiance inaugurale hier soir à la Foire du Livre. On se croise et on se recroise. Tchin tchin, patati patata, grignoti grignota, etc.
Que la fête commence, avait lancé Ana Garcia en terminant la séance officielle d'ouverture. Mot d'ordre entendu. Tchin tchin, patati patata, grignoti grignota, etc.
Retour en arrière de quelques minutes, quand même. Avant le débouchage des bouteilles de champ', Pascal Bruckner avait émis quelques considérations générales comme il sait le faire. Et une bêtise comme cela lui arrive moins souvent. En parlant de ce que représente l'Europe à l'étranger, et particulièrement en Afrique, il donnait l'impression d'un ensemble flou mal défini. Les choses ne se passent pas du tout ainsi, je peux en témoigner: l'Europe est un bailleur de fonds dont le numéro de téléphone est bien connu des gouvernants dans tous les pays pauvres où la coopération occupe une place importante.
En réalité, hier soir, l'heure n'était pas aux discussions sérieuses mais bien plus aux échanges amicaux.
Christian Libens voulait entraîner Bernard Gheur dans une visite commentée de l'exposition "Sur les pas de Tempo di Roma". Je déconseillais à Bernard d'accepter. Non que Christian soit quelqu'un de désagréable, au contraire. Mais personnellement, je préfère voir une exposition en l'absence de celui qui l'a conçue. Finalement, Bernard a accepté. Et il y a toutes les chances qu'il s'en soit trouvé bien.
Quant à moi, j'ai continué mon chemin. Tchin tchin, patati patata, grignoti grignota.

mercredi 14 février 2007

C'est pour bientôt...

Du 28 février au 4 mars, le site Tour & Taxis accueille la Foire du Livre, événement de première grandeur.
Surprise...
J'y serai.
On en reparle bientôt.